Le contexte sanitaire accentue la dénutrition chez les personnes fragiles
Avril 2021
Durant la pandémie, Paul Tronchon, Président de Saveurs et Vie, entreprise spécialisée dans la livraison de repas à domicile pour les personnes âgées ou dépendantes, s'est exprimé à plusieurs reprises pour alerter le public sur ce qu'il appelle la maladie silencieuse. La dénutrition est un fléau qui touchent principalement les personnes âgées, quel que soit leur niveau de vie. « Elle touche 2 millions de personne en France » explique-t-il, « 400 000 personnes âgées à domicile souffrent de dénutrition et la moitié de celles-ci sont dénutries en sortie d'hospitalisation ».En EPHAD, on estime qu'entre 30 à 40% des résidents sont dénutris*. « Lors de la première vague du printemps, nous avons vu, sur le terrain, le phénomène s'accentuer » poursuit Paul Tronchon. « En cause : les périodes longues d'hospitalisation des personnes touchées par la COVID 19 ainsi que la difficulté pour les personnes isolées à accéder à l'alimentation ». Mais il déplore aussi que « les idées reçues sur ce sujet soient légions, notamment celle qui consiste à penser que les besoins nutritionnels baissent avec l'âge. Il est largement prouvé que cela est faux et qu'en moyenne les besoins d'une personne âgée restent sensiblement les mêmes que ceux d'une personne adulte. Face au Covid, mais également pour la majorité des maladies, les besoins nutritionnels augmentent pour que le corps puisse lutter plus efficacement contre la maladie. La conséquence de la dénutrition est souvent une perte de masse musculaire et donc une fragilité accentuée qui va augmenter les risques de chute et d'hospitalisation ».
Manger par plaisir
Dès sa création, le PNNS (Plan Nutrition Santé) a identifié la dénutrition comme un enjeu des politiques de nutrition santé. Son volet n° 4 (PNNS4 2019-2023) a inscrit parmi ses objectifs un plan d'action pour prévenir la dénutrition, en renforçant notamment la sensibilisation du grand public et des professionnels de santé sur cette pathologie. C'est ainsi que la 1ère édition de la semaine nationale de la dénutrition, organisée par le Comité de lutte contre la dénutrition, s'est déroulée du 12 au 19 novembre 2020 en dépit du contexte sanitaire difficile. Elle est parvenue à mobiliser plus de 2300 actions de proximité, de sensibilisation et d'information.
On sait que des mesures de repérage existent comme le contrôle de l'hygiène bucco-dentaire, l'évaluation des apports alimentaires, l'aide aux repas avec mise en place d'un portage des repas si la personne est maintenue au domicile, adaptation des repas aux goûts de la personne... Car un menu qui plaît a plus de chance d'être mangé. A l'occasion de cette 1ère semaine de la dénutrition, le Professeur Agathe Raynaud-Simon, médecin gériatre aux hôpitaux Bichat et Beaujon (AP-HP) et Présidente de la Fédération Française de Nutrition (FFN), indiquait : « la personne âgée ne doit donc pas restreindre son alimentation, notamment en termes de protéines car ses besoins sont supérieurs à un sujet jeune. Idéalement, il faut qu'elle puisse conserver une activité physique régulière pour prévenir la perte musculaire et une supplémentation en vitamine D peut d'ailleurs être utile. Mais dans tous les cas il est nécessaire d'être très attentif aux préférences alimentaires... ».
« Dans notre entreprise nous avons toujours eu à cœur de trouver des solutions gustatives qui excitent les papilles et qui remontent le moral » confirme Paul Tronchon. « En cette période compliquée, les efforts de créativité culinaire à l'égard de nos aînés doivent redoubler. Car pour lutter contre la dénutrition, les seniors doivent privilégier une alimentation et un mode de consommation qui leur procure du plaisir, cela paraît anodin, mais c'est primordial au maintien d'une alimentation suffisante ».
* Enquête du Collectif de lutte contre la dénutrition conduite en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l'Ifop (Novembre 2020)
Pour redonner du plaisir dans l'assiette, découvrez nos recettes :
