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Faut-il limiter la consommation de protéines animales pour préserver l'environnement ?

Mars 2020

La tendance de fond qui se dessine en France en faveur de l'environnement se traduit dans l'assiette par un approvisionnement plus responsable (produits bio, locaux et de saison) et par la réduction (voire la suppression) des produits d'origine animale, pointés du doigt pour leur impact environnemental jugé négatif. En réalité, beaucoup d'idées reçues circulent sur le coût environnemental engendré par les protéines animales, conduisant parfois à négliger les bénéfices nutritionnels des produits animaux.

Voyons comment démêler le vrai du faux au travers de six assertions souvent reprises sur les protéines animales.

1. « Les terres utilisées pour l'élevage pourraient servir à l'alimentation humaine »1

Actuellement, à l'échelle mondiale, 50 % des terres agricoles servent à l'élevage. Parmi elles, 20 % seulement sont des cultures fourragères et céréalières destinées à nourrir les animaux. Les 80 % restants sont en effet des prairies, dont 65 % ne sont pas cultivables pour des productions végétales consommables par l'homme. Ces dernières n'entrent donc pas en compétition avec l'alimentation humaine. Par ailleurs, il est important de préciser que le pâturage, en participant au maintien des prairies qui jouent un rôle majeur dans le stockage du carbone et le maintien de la biodiversité, est en ce sens bénéfique à l'environnement.

2. « Les protéines végétales produites pour l'alimentation animale pourraient servir à l'alimentation humaine »2

Selon les sources, 2,5 à 10 kg de protéines végétales seraient nécessaires pour alimenter les animaux d'élevage afin de produire 1 kg de protéines animales. Une assertion à nuancer fortement car plus de 80 % des aliments consommés par les animaux ne sont pas consommables par l'homme (herbe, foin, feuilles, pailles, tourteaux de soja etc.). Les protéines végétales non digestibles par l'homme peuvent donc être valorisées en protéines animales digestibles. C'est notamment le cas des ruminants, qui peuvent utiliser la cellulose (non digestible par l'homme) lorsqu'ils sont nourris avec suffisamment d'herbe et de fourrage.

3. « L'élevage tue la biodiversité »

Si l'élevage intensif peut être néfaste pour la biodiversité, notamment car il modifie les habitats naturels (déforestation), peut polluer les terres et les eaux et participe au réchauffement climatique, il convient de préciser qu'un élevage bien conduit peut être vecteur de biodiversité. En effet, 50 % des espèces végétales endémiques en Europe dépendent de l'écosystème des prairies permanentes dont l'entretien est favorisé par le pâturage2. Par ailleurs en favorisant la fertilisation organique et naturelle des terres par les déjections animales (lisier, fumier) limitant ainsi le recours aux engrais azotés, le pâturage enrichit le sol et encourage la diversité des plantes. En outre, dans de nombreuses régions françaises, les prairies sont également entourées de haies, qui elles-mêmes constituent une importante réserve de biodiversité.

4. « Les productions animales émettent des gaz à effet de serre (GES) »

S'il est vrai que la production de protéines animales contribue aux émissions de GES (entre 7 et 14,5 % des émissions mondiales selon la méthode d'investigation), il est important de préciser que l'amélioration de la santé des animaux, la conduite des troupeaux, la qualité des fourrages et la bonne gestion des intrants contribuent à limiter grandement ces émissions2. Selon la FAO, elles pourraient être réduites de 20 à 30 % en adoptant, dans chaque partie du monde, les pratiques d'élevage les plus performantes de la zone. Parmi les différentes filières d'élevage, c'est bien l'élevage bovin qui émet le plus de GES. Cependant, c'est aussi celui qui permet de capter le plus de carbone dans les sols des prairies : un phénomène très favorable à l'environnement et encore peu pris en compte dans les bilans carbone. En outre, il faut signaler que les protéines végétales consommées par l'homme, et notamment les cultures de blé, de maïs, d'orge et de colza, ont également un impact environnemental négatif (émission de GES, contamination phytosanitaire et pollution par les fertilisants azotés), même si l'évolution des systèmes de culture tend à le limiter.

5. « Les productions animales consomment trop d'eau »

Selon la méthode du WaterFootPrint Network, 15 000 litres d'eau seraient nécessaires pour produire 1 kg de bœuf. Un chiffre à nuancer car ces 15 000 litres sont issus à 95 % d'eau de pluie, tombant sur les prairies et cultures destinées à nourrir les troupeaux.

6. « Les protéines animales ne sont pas indispensables à notre alimentation »

Rappelons qu'en règle générale, les protéines d'origine végétale ne sont pas d'aussi bonne qualité que celles d'origine animale car elles ne comptent pas tous les acides aminés essentiels dans les proportions optimales pour notre corps. ll est donc nécessaire de combiner différentes sources afin qu'elles se complètent entre elles.
De ce fait, il est conseillé de conserver une place aux protéines animales dans notre alimentation, même si celles-ci doit être réduite. Dans la plupart des pays occidentaux, les apports alimentaires entre protéines animales et protéines végétales avoisinent un rapport 2/1. Un rapport plus équilibré, proche de 1, est recommandé, afin de réduire les conséquences pour la santé qu'induit une consommation excessive de l'une ou de l'autre des sources de protéines alimentaires.

Au regard des considérations environnementales et nutritionnelles, la réflexion scientifique sur les protéines oriente donc vers une diminution de la consommation de protéines animales, non pas pour les éliminer totalement de notre alimentation, mais pour un meilleur équilibre protéines animales/protéines végétales.
Apprendre à diversifier ses apports en protéines, c'est aussi préparer l'avenir car la production animale ne permettra pas à terme de nourrir toute la planète.

 


Les protéines dans l'alimentation : vers un équilibre animal végétal, FFAS, 2019

« PAC et prairies permanentes », J-L.Peyraud, L.Delaby, INRA, 2017

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